SEMAINE EUROPEENNE DE LA VACCINATION

Seul le prononcé fait foi

Monsieur le Directeur général de la santé,

Monsieur le Directeur général de l’agence nationale de santé publique,

Mesdames et Messieurs,

Je vous remercie d‘être présents à cette conférence de presse de lancement de la semaine européenne de la vaccination 2019.

Vous le savez, la vaccination est un sujet auquel je suis très attachée. J’y suis attachée car la vaccination est le grand témoin de notre histoire et le symbole des progrès de la médecine et de la lutte contre l’obscurantisme.

Pasteur a tracé un chemin dont nous sommes les héritiers et chacun peut constater que le combat de la vaccination n’est jamais à l’abri de forces contraires, toujours aussi dangereuses.

La vaccination, j’en ai fait ma priorité dès mon arrivée aux responsabilités. J’ai fait des choix et pris des décisions dans le contexte d’hésitation vaccinale et de recrudescence d’épidémie que nous connaissions.

Il était primordial de réinvestir aussi l’espace public sur la vaccination et d’avoir un discours public clair, affirmé et assumé.

Je suis donc ravie d’être parmi vous aujourd’hui pour une nouvelle étape, celle du lancement de la semaine européenne de la vaccination 2019.

2018 et 2019, ce sont deux années essentielles où de nombreux jalons ont été posés pour la vaccination.

L’inscription de la vaccination comme l’une des thématiques prioritaires du plan priorité prévention présenté en mars 2018 par Edouard Philippe est un appui décisif à cette politique volontariste.

L’extension des obligations vaccinales pour les nourrissons ou la simplification du parcours vaccinal pour la vaccination contre la grippe saisonnière sont autant de mesures qui redéfinissent et redynamisent la politique vaccinale en France.

La semaine européenne de la vaccination a été créée dès 2005, à l’initiative de l’Organisation mondiale de la santé.

Chaque année, à l’occasion de cette semaine, de nombreuses manifestations ont lieu en régions, coordonnées par les Agences régionales de santé, comme les « villages info vaccination ».

Ces actions rassemblent un grand nombre d’acteurs de terrain : professionnels de santé et de l’éducation, société civile, caisses d’assurance maladie, mutuelles complémentaires, sociétés savantes et ordres professionnels, que je remercie très sincèrement pour leur travail tout au long de l’année au service de la santé de nos concitoyens.

Je voudrais commencer par un rapide rappel des actions et démarches engagées depuis 2018.

J’ai porté des réformes qui touchent au quotidien de nos concitoyens dans un esprit de protection collective et solidaire.

- Je pense évidemment à l’extension des obligations vaccinales chez le nourrisson, qui a été mise en œuvre dès le 1er janvier 2018, avec toute une série d’outils d’accompagnement pour les professionnels de santé, les parents, les collectivités, y compris pour aider au contrôle de cette obligation avant l’entrée en collectivités d’enfants ;

₋ Je pense aussi à la simplification du parcours vaccinal pour les personnes éligibles à la vaccination contre la grippe saisonnière puisque dorénavant, toute personne qui se vaccine pour la première fois aura le choix de s’adresser, en plus du médecin ou de la sage-femme, à un infirmier ou à un pharmacien ;

o La vaccination antigrippale par les pharmaciens sera généralisée pour la prochaine saison 2019-2020. Parce que chacun sait bien que multiplier les occasions de vaccination en simplifiant les parcours est le meilleur moyen d’obtenir cet effort collectif de la part de nos concitoyens.

Les démarches d’information et de promotion de la vaccination ont été multipliées.

₋ Avec le lancement du site vaccination info service pour le grand public puis la mise à disposition du site vaccination info service pour les professionnels ;

- Avec aussi, et c’est essentiel, l’engagement de tous les professionnels et je remercie tout particulièrement les ordres des professions de santé qui soutiennent la politique vaccinale portée par le gouvernement. La signature de la charte à l’automne dernier par l’ensemble des ordres, traduit l’engagement de ces derniers à promouvoir la vaccination de ces professionnels.

Nous avons raison de faire le pari d’une politique volontariste : nos actions commencent à porter leurs fruits.

Comme je l’avais annoncé et comme cela est prévu par la loi, je présenterai un bilan de la réforme des obligations vaccinales à la fin de l’année 2019.

En effet, pour établir un bilan, il faut laisser un peu de temps aux enfants nés à partir du 1er janvier de grandir un peu et de bénéficier des vaccins.

Mais nous avons déjà des résultats et les premières données de couverture vaccinale concernant les vaccinations des enfants nés entre janvier et mai 2018, à l’âge de 7 mois, progressent comme attendu.

o Pour la vaccination hexavalente qui, je vous le rappelle, comprend les vaccinations contre le DTP, la coqueluche et les infections à Heamophilus influenzae de type B et contre l’hépatite B, nous sommes passés de 93,1 % (pour la même période en 2017) à 98,6%.

o La couverture vaccinale contre les infections à méningocoque C à une dose est aujourd’hui estimée à 75,7 % alors qu’elle n’était que de 39,3 % pour la même période en 2017. Nous avons donc ici aussi beaucoup progressé.

o La couverture vaccinale pour le vaccin ROR pour les enfants nés en 2018 n’est pas encore disponible parce que cette vaccination commence aux 1 an de l’enfant. Mais cette vaccination a progressé aussi en 2018, en passant pour la première dose de 85 à 87,2%, ce qui était espéré face aux drames provoqués par l’épidémie que nous avons connue et que nous voyons encore avec les foyers de 2019.

Le mouvement opéré avec la réforme des obligations vaccinales profite à la vaccination, au sens large.

Ainsi la vaccination contre les HPV chez les jeunes filles de 15 ans, pour la première dose, a progressé même si elle reste encore bien trop insuffisante : elle est passé de 26,2% pour les jeunes filles nées en 2002 à 29,4% pour les jeunes filles nées en 2003.

En termes d’adhésion aussi, Santé publique France a lancé des enquêtes auprès des parents d’enfants de moins de deux ans.

L’importance de la vaccination pour la santé des enfants progresse de + 5 points dans l’opinion des parents (par rapport à juin 2018). La perception de la protection collective de la vaccination progresse de la même manière.

Un chiffre un peu moins positif est celui des parents qui indiquent ne pas savoir encore précisément ce que recouvrent les obligations vaccinales du nourrisson : ils sont aujourd’hui 47% et nous devons donc poursuivre collectivement nos efforts, institutions comme professionnels de santé, en termes de communication et d’information vers les parents.

Enfin, le collège de la médecine générale, en partenariat avec Santé publique France a interrogé les médecins généralistes.

99% d’entre eux se déclarent favorables à la vaccination de façon générale et 75% d’entre eux perçoivent l’élargissement des obligations vaccinales comme une mesure positive. Je ne sais pas si ce dernier chiffre progressera ou s’il reflète l’amertume du recours à une obligation pour améliorer la couverture vaccinale.

La protection collective des nouvelles générations est proche et je ne peux que penser au fait qu’à chaque point de couverture vaccinale gagné, ce sont des drames en moins.

Je sais qu’il y a encore des parents qui craignent des effets indésirables de la vaccination mais les risques de la non vaccination sont infiniment plus grands.

Comme je m’y étais engagée dans la logique de transparence à laquelle je tiens, je présenterai aussi à la fin de l’année un bilan de pharmacovigilance.

L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) mène des travaux avec les parties prenantes et présentera en juin 2019 un premier état des lieux sur la sécurité des vaccins obligatoires chez les enfants de moins de 2 ans vaccinés pendant les années 2012-2017 (donc avant la mise en place de la réforme).

La démarche étant nouvelle, pouvoir disposer d’un cadre de référence en matière de pharmacovigilance est un préalable nécessaire. Cet état des lieux sera accompagné de données concernant les 6 premiers mois de la mise en place de la réforme de l’extension des obligations vaccinales de janvier à juin 2018.

Si nos premières actions se concrétisent déjà, et de manière positive, il nous reste encore des défis à relever, de la confiance à restaurer et de la vigilance à maintenir.

Nous faisons face à des cas groupés de rougeole de manière récurrente ; et la dernière épidémie en date a d’ailleurs suscité l’intérêt des médias. Ces situations qui marquent le retour à des temps et à des épidémies que l’on croyait révolus, ces situations sont dues à l’insuffisance des couvertures vaccinales contre la rougeole en particulier chez les jeunes adultes

C’est pourquoi l’épidémie de rougeole qui sévit en ce moment, certes moins intense qu’en 2018 mais néanmoins préoccupante, doit nous faire prendre conscience de la gravité potentielle de cette maladie : un décès est à déplorer pour ce début 2019 et je rappelle qu’en 2018 trois décès ont été liés à cette maladie.

Cette épidémie doit aussi nous faire prendre conscience de la nécessité de se protéger contre la rougeole pour protéger les plus fragiles.

De la même manière, malgré nos efforts, le taux de vaccination contre la grippe saisonnière chez les personnes ciblées atteint 50 %, mais ce chiffre reste très en deçà des objectifs de l’OMS, qui sont fixés à 75 %.

Je pense aussi à la vaccination contre les HPV. Des premières données d’activité montrent une progression mais nous sommes encore loin du but. La prévention du cancer du col de l’utérus est pourtant un enjeu majeur.

Il nous faut donc poursuivre cette dynamique et consolider nos bases :

- J’ai demandé à la Haute Autorité de santé de proposer des évolutions pour des parcours vaccinaux encore plus simples, et c’est notamment l’enjeu de l’élargissement des compétences vaccinales des professionnels de santé ;

- J’ai également saisi la HAS sur l’extension de la vaccination HPV aux jeunes garçons ;

- Des expérimentations vont aussi être lancées entre 2019 et 2020 pour identifier de nouveaux leviers d’action pour favoriser la vaccination.

o Un projet est en cours pour mettre à disposition des vaccins en cabinets de médecins et de sages-femmes,

o Une expérimentation visant à mobiliser les professionnels en proximité des jeunes pour promouvoir et améliorer la couverture vaccinale contre les HPV

- Enfin cette année, Santé publique France va mener une enquête en établissements de santé et en EHPAD sur tout le territoire afin de mesurer les couvertures vaccinales des professionnels de santé et d’identifier les freins à leur vaccination contre la grippe. Sur cette base, nous expérimenterons en 2020 des actions de coopération entre professionnels pour favoriser la vaccination des professionnels de santé.

Et je terminerai avec un objectif plus général et auquel contribue la semaine européenne de la vaccination : redonner confiance.

Redonner confiance en parlant vaccination, redonner confiance en ayant un discours clair, assumé, responsable.

Redonner confiance aussi en étant présent là où les français vont chercher de l’information et en luttant contre la désinformation ou la malinformation. Les « fake news » sont un fléau, elles sont toujours aussi nombreuses, et elles sont toujours aussi dangereuses.

Et sur la santé, l’Union européenne est aussi un terrain d’action majeur. La santé est notre bien commun à tous et l’Europe a un rôle à jouer.

La France coordonne d’ailleurs depuis septembre 2018, une action conjointe européenne sur la vaccination. Cette action prévue pour 3 ans permettra de renforcer la coopération et la communication entre tous les Etats-membres, pour disposer d’outils communs et lutter, par exemple, contre l’hésitation vaccinale, ou les fausses informations.

Et si j’en reviens à la semaine européenne de la vaccination, c’est parce que cet événement de mobilisation générale dépasse notre territoire et permet de porter un même message partout et de rassembler autour d’un même objectif.

Cet objectif que nous avons tous de promouvoir la vaccination va avoir cette année une traduction nouvelle très concrète.

En effet, je suis très fière de pouvoir vous présenter dans quelques instants, juste avant le temps dédié à vos questions, la campagne nationale sur la vaccination que vous allez voir et entendre sur les chaines télévisées. C’est une première en France et je serai très heureuse que d’autres pays puissent utiliser ce spot TV.

Mais je passe d’abord la parole à Francois Bourdillon pour présenter le dispositif de la semaine européenne de la vaccination.

Je vous remercie.