Discours Madame Agnès BUZYN – Numérique en santé

Intervention de

Madame Agnès BUZYN

Ministre des solidarités et de la santé

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Présentation de la feuille de route

« Accélérer le virage numérique »

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Jeudi 25 avril 2019

seul le prononcé fait foi

Monsieur le secrétaire d’Etat, Cher Cédric O,

Monsieur le directeur général de l’assurance maladie,

Mesdames et messieurs les directeurs d’administration centrale,

Mesdames et messieurs les professionnels de santé,

Mesdames et messieurs les ingénieurs,

Mesdames et messieurs les journalistes,

Mesdames et messieurs,

En novembre dernier, j’ai annoncé les dix chantiers du plan Ma santé 2022. « Recourir au numérique pour mieux soigner » est l’un d’entre eux.

Ce chantier doit permettre d’accélérer le virage du numérique en santé, qui doit aujourd’hui relever d’immenses défis – j’y reviendrai dans quelques instants– et qui vise un objectif clair et ambitieux : placer la France parmi les pays à la pointe de l’innovation en santé.

Il ne s’agit pas de se lancer dans une course effrénée à l’innovation, mais de profiter des opportunités qu’offre le numérique en santé pour accélérer le changement de nos organisations, et plus largement, la transformation de notre système de soins.

Je ne sais pas si le numérique peut à lui seul créer de nouvelles organisations, mais je suis convaincue qu’il permet de les moderniser et de les adapter au monde qui est le nôtre aujourd’hui. Et la mission de l’Etat est d’en faciliter les usages.

Grâce au numérique, notre système de santé pourra demain compter sur de nouvelles synergies entre les professionnels libéraux, hospitaliers et médico-sociaux, mais aussi sur des outils numériques performants mis au service de tous, patients et professionnels. Ces outils performants, ce sont des outils développés par celles et ceux qui travaillent dans cette plateforme d’innovation Boucicaut, et je remercie les responsables de nous accueillir ce matin.

Je viens d’y faire référence, les défis de la révolution numérique sont nombreux, inédits et interdépendants. Ils appellent donc une réponse globale et structurée.

Ces défis sont d’abord stratégiques. Il faut réussir à faire travailler ensemble des compagnies, des chercheurs, des universitaires et des jeunes entreprises. La diversité des représentants présents ce matin le montre d’ailleurs très bien. L’enjeu est également de partager une culture santé commune, et plus que ça, assurer une cohérence de l’ensemble des initiatives pour maximiser la valeur ajoutée de chaque intervenant. Il faut profiter du numérique pour éviter de reproduire le travail en silo trop souvent présent dans nos organisations.

Il faut également profiter du numérique pour apprendre des initiatives internationales : je pense à l’engagement fort des patients et de la société civile dans la politique numérique au Royaume-Uni ou encore où succès de la politique e-santé en Espagne qui vise à assurer un équilibre entre l’autonomie des régions et la cohérence de la politique nationale.

Les défis sont également techniques. Je pense notamment à l’amélioration de structuration de la donnée qui représente un véritable enjeu. Je pense aussi qu’il nous faut mettre en place une nouvelle politique pour s’assurer que les systèmes communiquent entre eux, en dépassant le débat historique et passionné des normes d’interopérabilité.

Bien évidemment, les défis sont toujours scientifiques quand on parle de numérique. Une donnée n’a pas la même signification en fonction du contexte. Il faudra donc notamment avancer sur l’interopérabilité sémantique pour permettre l’exploitation des données, sur l’interprétation et la validation des algorithmes en médecine. Ce ne sont ici que des exemples qui me viennent spontanément.

Les défis sont enfin sociétaux. Le digital interroge les solidarités et les évolutions de la société. L’inclusion numérique doit être notre priorité, tout comme la conduite du changement digital au défi de l’acceptabilité et de la sécurité.

Aujourd’hui de grands programmes sont déjà lancés en France. Qu’il s’agisse du DMP, du programme hôpital numérique ou plus récemment sur Health Data Hub. Il ne s’agit pas de les remettre en question mais de les inscrire dans une feuille de toute stratégique, lisible par chacun et utile pour tous. Dans un univers où les initiatives publiques et privées fusent de toute part, la cohérence est indispensable pour éviter que chacun avance ses pions de manière isolée, ce qui dans un environnement mondialisé, serait forcément générateur de retard dans le développement d’une politique numérique au service des Français. A terme, les Français en paieraient le prix fort.

J’en ai bien conscience : cette cohérence n’est pas simple dans l’environnement complexe du numérique. Le monde du numérique est difficile à appréhender dans son ensemble, alors même que chacun est appelé à en devenir acteur. C’est pour cette raison que l’Etat ne doit pas seulement réguler, il doit aussi donner du sens.

Donner du sens c’est d’abord garantir la confiance ! C’est pourquoi nous ferons en sorte que l‘exigence éthique soit présente à tous les niveaux, depuis les grands principes jusqu’à l’utilisation des outils numériques. C’est dans cet esprit que nous voulons encourager l’évolution des pratiques, et soutenir le développement de nouveaux services.

Car nous voulons à la fois protéger et décloisonner les données.

Vous le savez, le système de santé se transforme autour des parcours mobilisant les professionnels de la santé et du secteur médico-social. Cette évolution vers plus de parcours, c’est le cœur de ma santé 2022. Le numérique doit donc en être le vecteur de développement, il doit en être l’accélérateur. Le patient est désormais au centre, et nous devons aider tous les usagers, les patients et ceux qui les prennent en charge, à trouver leurs repères dans les nouveaux espaces numériques.

Il nous faut mettre en place des actions concrètes pour que les systèmes d’information évoluent vers plus de sécurité et d’interopérabilité tout en ne les figeant pas dans des normes qui immobiliseraient les initiatives. Je parle ici des initiatives de tous les acteurs, qu’il s’agisse des entreprises, des start up ou des initiatives portées par les professionnels de santé ou à l’échelle nationale.

Concernant précisément ce niveau national, le numérique en santé doit donner lieu à un grand programme rassemblant l’ensemble des acteurs. En moins de six mois, nous pouvons d’ores et déjà constater des avancées importantes : le projet de loi relatif à l’organisation et à la transformation du système de santé a été adopté par l’Assemblée nationale et il est désormais au Sénat.

Ce projet contient plusieurs mesures phares, comme l’espace numérique de santé, la plateforme des citoyens, ou encore le Health data hub, la plateforme des données de santé.

Ces plateformes s’inscrivent dans une vision d’ensemble. Cette vision d’ensemble, c’est celle de l’Etat plateforme, c’est-à-dire de l’Etat comme une plateforme mettant à disposition de la société civile et des acteurs des ressources ou des infrastructures et laissant à la société civile et aux acteurs privés la liberté de développer des biens et des services finaux à l’aide de ces ressources.

Cette vision, les spécialistes du numérique la connaissent bien, mais il nous faut la partager avec le plus grand nombre. C’est la raison pour laquelle j’ai voulu que vous soit présentée aujourd’hui la feuille de route stratégique du virage numérique de Ma santé 2022.

Cette feuille de route fixe les grandes orientations de la politique du numérique en santé. Parce qu’il s’agit d’une politique qui prend en compte toutes les dimensions du système de santé, elle sera également assortie d’un programme opérationnel de déploiement, qui sera soumis à concertation dans les prochains mois..

Nous savons tous à quel point la coordination des actions est la condition sine qua non de notre réussite.

La gouvernance du numérique en santé sera ainsi consolidée pour rassembler toutes les parties prenantes. Son pilotage sera assuré par Dominique Pon et Laura Létourneau, respectivement responsable et déléguée ministériels du numérique en santé. La délégation ministérielle du numérique en santé me sera directement rattachée. C’est donc au plus haut niveau que seront prises les décisions.

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Mesdames, Messieurs,

Nous portons tous une grande ambition pour le numérique en santé : notre engagement collectif sera la clef du succès, au bénéfice des professionnels, des patients et de tous les citoyens.

Avant de laisser la parole à Dominique Pon et Laura Létourneau, qui vont vous présenter les 5 grandes orientations de cette feuille de route, je tenais à les remercier au nom de chacun de nous pour le travail réalisé ces derniers mois. Cette feuille de route est une avancée majeure pour notre système de santé. Vous avez réussi à mobiliser les énergies comme rarement cela a été le cas par le passé.

Vous aimez dire, Cher Dominique Pon, que l’alignement des planètes nous est favorable pour avancer. Aujourd’hui, c’est donc le début d’une nouvelle étape : passer de l’alignement à la mise en mouvement. Et comme au sein de tout système, il vous faudra de l’énergie pour l’actionner. Mais je sais pouvoir compter sur la vôtre et celle de vos équipes pour réussir.

Pour conclure, et après avoir eu la chance de participer ce matin à une dizaine d’ateliers, je suis plus que jamais convaincue que le numérique en santé est aujourd’hui à la croisée des chemins.

Il nous faut mettre en mouvement les 5 orientations et l’ensemble des actions qui vont vous être présentées ce matin pour accélérer le numérique en santé :

Pour renforcer sa place dans le parcours de soins ;

Pour favoriser son rôle au sein des territoires ;

Pour être inventif, pour être créatif, afin de définir des nouveaux modes de travail et d’organisation entre l’ensemble des acteurs du système de santé, c’est-à-dire entre vous tous ici réunis.

Cher Dominique, Chère Laura, la parole est à vous pour dévoiler notre nouvelle stratégie du numérique en santé. Une stratégie très attendue !

Je vous remercie.

Conclusion de la séquence par Mme la Ministre

Monsieur le secrétaire d’Etat, Cher Cédric O,

Mesdames, Messieurs,

Ce matin c’est 5 orientations qui vous ont été présentées pour accélérer le virage numérique :

 Renforcer la gouvernance du numérique en santé.

 Intensifier la sécurité et l’interopérabilité des systèmes d’information en santé.

 Accélérer le déploiement des services numériques socles.

 Déployer au niveau national des plateformes numériques de santé.

 Stimuler l’innovation et favoriser l’engagement des acteurs.

Ces orientations doivent désormais être mises en œuvre de manière opérationnelle. Je sais pouvoir compter sur l’énergie de chacun de vous pour y arriver.

Elles permettront de changer dans un temps court à la fois le quotidien des patients mais également celui des professionnels de santé.

La mesure emblématique au service des patients est bien évidemment l’espace numérique de santé.

Pour promouvoir le rôle de chaque personne, tout au long de sa vie, dans la protection et l’amélioration de sa santé, un espace numérique de santé sera mis à disposition de chaque Français à partir du 1er janvier 2022. Vous l’aurez compris, cet espace permettra d’accéder aux services socles comme le DMP. Il intégrera également des services et outils numériques développés par les acteurs publics ou privés.

Grâce à son espace numérique de santé, l’usager sera non seulement acteur de sa santé, mais il deviendra acteur à part entière du système de santé. Les services proposés pourront être des outils d’information, d’évaluation, ou encore des outils de co-construction.

L’espace numérique de santé marque donc une nouvelle ambition pour la démocratie en santé.

Les professionnels de santé ne seront pas en reste. Notre feuille de route permettra de mettre en place des services numériques qui les aident dans leurs pratiques et améliorent la coordination des prises en charge dans tous les secteurs santé, médico-social, social.

Les pouvoirs publics doivent garantir des modalités d’utilisation de ces services qui préservent leurs responsabilités en tant que professionnels.

En réunissant des bouquets de services au sein d’une plateforme numérique de niveau national, il s’agira de simplifier les usages, de permettre d’évoluer dans différents univers avec une ergonomie homogène, cohérente.

Via la plateforme numérique, les professionnels auront ainsi accès aux informations contenues dans le Dossier médical partagé, le dossier pharmaceutique, les PACS, les plateformes de coordination, les annuaires, …

A terme ils pourront accéder à la e-prescription et la plateforme numérique s’enrichira progressivement des services proposés par les acteurs publics ou privés.

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Mesdames, Messieurs,

Il revient donc désormais à Dominique Pon et Laura Letourneau de mettre en œuvre la feuille de route telle que proposée, avec l’esprit de consultation et de collaboration qui a gouverné les travaux jusqu’à présent.

Je sais pouvoir compter sur la mobilisation et l’engagement de l’ensemble des acteurs pour faire de feuille de route un succès. Le faire ce matin en présence de Cédric n’est pas indifférent : son soutien ne date pas de sa nomination en qualité de secrétaire d’Etat et je sais que son implication à nos côtés sera totale.

Vous pourrez aussi compter évidemment sur la mienne.

Mesdames et messieurs, je vous le dis, nous réussirons.

Je vous remercie.

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