Discours d’Olivier Véran, conférence de presse du 21 mars 2020

Conférence de presse du 21 mars 2020 – COVID-19.

Seul le prononcé fait foi

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Mesdames, messieurs,

Depuis mardi, en restant chez eux, les Français ont pris le chemin de la résistance contre le virus.

C’est une course de fond qui s’engage et nous n’en sommes qu’au début ; nous ne savons pas encore pour combien de temps nous devrons nous tenir à distance les uns des autres, mais une chose est certaine : il faudra se montrer très patient et très solidaire.

Une autre chose est certaine et il ne faut pas avoir peur de le dire : dans un premier temps, la situation va continuer à s’aggraver, avant que les effets du confinement, de la prise de distance fassent leur preuve. Je rappelle qu’ils permettent de limiter le nombre de personnes infectées et le nombre de personnes admises dans nos hôpitaux.

La France est loin d’être isolée dans sa stratégie. Le confinement généralisé, la fermeture des écoles, la limitation des rassemblements sont des mesures désormais adoptées par la quasi-totalité des pays européens. Nous ne faisons ni plus, ni moins que les autres et nous nous inscrivons dans une stratégie concertée au jour le jour. Seuls les moments de mise en place ont pu être différents, tenant compte des différences de stades d’épidémie constatés dans chaque pays.

Les Français s’interrogent et nous interrogent légitimement sur l’étendue actuelle du confinement et notre capacité à le faire respecter. Ils s’interrogent et nous interrogent sur la durée de ce confinement : j’ai saisi le conseil scientifique de ces questions légitimes qui rendra des conclusions publiques lundi.

Notre ennemi est récent, il était encore inconnu au début de l’année et grâce à la recherche, grâce à la science, grâce à la médecine, nous le comprenons mieux chaque jour. Plus personne désormais ne sous-estime sa dangerosité pour l’homme. Je rappelle que si 85% des symptômes sont bénins, que 98 à 99% des personnes guérissent, le COVID-19 peut tuer. Si les personnes les plus fragiles sont aussi les plus âgées et les plus malades, il y a dans nos services de réanimation, de nombreux patients plus jeunes.

Le confinement généralisé – appliqué partout avec rigueur et détermination –est la clé pour vaincre l’épidémie, donner du

temps à nos hôpitaux et nos soignants, sauver de nombreuses vies.

Et je veux vous le dire comme je le pense : en de pareilles circonstances, la désinvolture et la légèreté ne sont pas seulement irresponsables, elles sont dangereuses pour soi et dangereuses pour les autres.

Depuis le premier jour, les Français ont pu observer avec fierté mais aussi soulagement que nous étions capables d’une union nationale indispensable pour maintenir la cohésion dans notre société. Je le redis, la polémique non plus n’a pas sa place, à l’heure d’un péril inédit, et au vu des sacrifices consentis.

Ces derniers jours, un enjeu est sur toutes les lèvres, celui des équipements en masques de protection.

Je veux dire aux Français, en particulier aux soignants, que je comprends et partage leurs attentes et parfois leurs colères face à cette situation qui, de fait, prive un certain nombre de nos concitoyens de masques dans des situations qui le nécessitent pourtant.

Vous savez, face à une épidémie d’une telle ampleur, il pourrait être facile de mobiliser notre énergie sur la recherche de responsabilités. Je nous invite collectivement à mobiliser dans la période notre énergie auprès de celles et ceux qui sauvent des vies, avec celles et ceux qui maintiennent notre pays en vie. Il sera temps le moment venu, de tirer toutes les conséquences en matière de préparation de notre pays face à une menace qui, je le rappelle, constitue une première sanitaire depuis plus d’un siècle.

Ayant dit cela, je veux me livrer aujourd’hui comme je l’ai fait à chaque occasion depuis que je suis ministre, à un exercice de transparence absolue et vous présenter la situation telle qu’elle est.

Suite à de premières alertes sérieuses, qui auraient pu évoluer comme la crise actuelle, les pouvoirs publics ont pris la décision, il y a une dizaine d’années, d’équiper la France d’un milliard de masques chirurgicaux et de 600 millions de masques FFP2. Souvenons-nous qu’à l’époque, certains avaient raillé la ministre de la santé pour toutes ses précautions. Les vérités d’hier ne sont pas celles d’aujourd’hui.

Quels que soient les processus de décision ayant conduit à ce que ces stocks ne soient pas renouvelés dans la durée, toujours est-il que ces stocks de masques se sont réduits année après année. De sorte, que lorsque le COVID est apparu, il ne restait qu’un stock d’Etat de 117 millions de masques chirurgicaux pour adultes et aucun stock stratégique d’Etat de masques FFP2.

C’est parce que nous avons, dès le début, considéré que la disponibilité en masques allait être une difficulté dans la gestion de cette crise qu’il a été décidé de recourir dès le mois de janvier à l’importation de masques, en provenance de tous les pays producteurs, avant même les premiers cas sur le territoire national.

Nous avons tout mis en œuvre pour augmenter notre stock, dans un marché, vous le savez, extrêmement tendu et où une grande partie de la production vient de Chine, berceau de l’épidémie. La France, en plus des stocks et de la production nationale renforcée, a ainsi passé plusieurs commandes de masques de protection à l’étranger auprès d’industriels en capacité de fournir rapidement de gros volumes. Ainsi, je peux vous annoncer que nous avons d’ores et déjà signé plusieurs commandes de plus de 250 millions de masques qui seront livrés progressivement.

En parallèle, de nombreuses personnes, institutions, ou entreprises, se sont mobilisées face à cette situation exceptionnelle pour faire dons de masques supplémentaires : le Crédit Agricole, LVMH. Je tiens à les remercier de leur engagement exceptionnel pour protéger notre système de santé et nos patients les plus fragiles.

J’entends bien sur l’urgence de donner des masques à ceux qui nous protègent, à ceux qui nous soignent, à ceux qui sont malades.

Ma responsabilité de ministre, c’est aussi de tout mettre en œuvre pour que ces masques si indispensables puissent être délivrés dans la durée. Je connais la durée de nos stocks, je ne connais pas encore celle de l’épidémie.

C’est pourquoi, une stratégie nationale d’utilisation des masques a été mise en place afin de pouvoir préserver notre système de santé, nos soignants, et les patients les plus fragiles. Elle nous permet de garantir que toutes les personnes qui doivent être protégées par un masque puissent en bénéficier pendant toute la durée de l’épidémie.

Je veux revenir brièvement sur les décisions déjà prises avant d’annoncer celles à venir.

Les masques ont d’abord été distribués au sein des zones de circulation active du virus, parce que notre choix a toujours été de donner la priorité aux personnels exposés et aux zones qui en avaient le plus besoin.

A la fin du mois de février, 15 millions de masques chirurgicaux ont été livrés aux établissements de santé de première et de deuxième ligne.

Dès le 3 mars, à la demande du Président de la République, nous avons sécurisé notre équipement en masques par une réquisition de toutes les ressources disponibles sur le territoire national. Nous sommes le seul pays à avoir pris une telle décision.

Dès le début du mois du mars également, nous avons distribué 25 millions de masques pour répondre aux besoins des établissements de santé de référence mais aussi aux professionnels de santé de ville, des professionnels du secteur médico-social et des transporteurs sanitaires.

Des livraisons de masques ont aussi été réalisées, les 17 et 18 mars, à hauteur de 1,6 millions de masques de norme FFP2 et de 10,7 millions de masques chirurgicaux pour les professionnels de ville en première ligne pour la prise en charge en ville de malades suspects ou confirmés du COVID- 19.

Vous l’aurez compris, j’ai fait le choix difficile mais un choix responsable d’octroyer les masques de protection d’abord aux professionnels de santé pour nous permettre de tenir le plus longtemps possible.

Depuis des semaines, nous travaillons jour et nuit à augmenter la production et les importations de masques. Toute production possible a été commandée. Toute production disponible a été réquisitionnée. Toute distribution possible a été assurée.

Un approvisionnement a été réalisé ces derniers jours auprès des établissements les plus exposés dans le Grand Est, les Hauts-de-France, l’Occitanie, l’Île-de-France et en Bourgogne- Franche-Comté.

Un approvisionnement global destiné aux établissements de santé, à tous les établissements médico-sociaux et aux transporteurs sanitaires a été réalisé à l’échelle nationale hier.

Un second approvisionnement sera effectué dans les jours qui viennent pour consolider leurs stocks. Le total de ces 2 livraisons représentera 17 millions de masques.

Au total, depuis la dernière semaine de février, 70 millions de masques ont été livrés aux professionnels de santé de ville, à l’hôpital et dans nos EHPAD.

Grâce à la réquisition des stocks et de la production sur le territoire national, aux dons et aux importations, nous avons récupéré dans le même temps, depuis la dernière semaine de février, près de 40 millions de masques supplémentaires.

Nous disposons, à ce jour, d’un stock d’Etat de 86 millions de masques :

- 5 millions de masques de norme FFP2 ;

- 81 millions de masques chirurgicaux.

Nous prévoyons de disposer de 24 millions de masques par semaine dans notre pays.

Voilà la réalité des chiffres.

La réalité, c’est aussi que ces derniers jours, la logistique a été complexe à gérer et nous avons pris du temps pour assurer la meilleure répartition possible.

Je dis « pris » et non « perdu » parce qu’encore une fois, dans les zones les plus sensibles nous avions et nous avons déstocké des masques. Pour faire face à cette urgence inédite que nous traversons, nous avons donc réarmé notre système de production et de logistique de façon colossale et rapide. La mise en place d’une chaine de distribution adaptée, a effectivement été complexe, je le sais. Mais elle fonctionne maintenant, et elle permettra d’approvisionner rapidement

les hôpitaux, les praticiens en ville, les pharmacies, les acteurs du soin à domicile, l’ensemble des professionnels de santé et des patients pour qui l’utilisation des masques est recommandée. J’en profite pour remercier du fond du cœur, les pharmaciens d’officine qui depuis le premier jour se mobilisent dans des conditions que je sais difficiles.

La transparence toujours. La France est en mesure de fabriquer entre 6 millions de masques supplémentaires chaque semaine. Et dès le mois d’avril, 8 millions par semaine. Pour moitié des FFP2.

Les producteurs français ont mis leurs chaînes de production en tension et ces chaînes fonctionnent pour répondre à une demande sans précédent. Les usines tournent à plein régime.

De nouvelles chaînes de livraison ont été mises en place en urgence, pour assurer la distribution de masques à l’ensemble des professionnels de santé prenant en charge ou étant en contact potentiel avec des patients atteints de coronavirus.

Enfin, comme nous l’avons déjà indiqué, Le Président de la République et le Premier ministre ont demandé au ministère de l’Economie et au ministère de la Défense d’identifier des alternatives, soit pour démultiplier les chaines de production, soit pour qualifier des alternatives, jetables ou réutilisables. Les ministères ont qualifié des bancs de tests, mis à disposition des industriels des spécifications, et 40 prototypes sont en cours de tests, pour des masques chirurgicaux comme pour des FFP2. Je salue la mobilisation des industriels sur ce sujet qui doit nous permettre d’apporter des solutions notamment vers les secteurs autres que celui de la santé.

Enfin, de nombreuses alternatives innovantes sont en cours d’expertise pour répondre à ces besoins urgents de protection. Les industriels français sont pleinement mobilisés avec les pouvoirs publics, pour répondre à cette urgence sanitaire, et je tiens à les en remercier. Elles montrent la créativité, la solidarité dans l’adversité de nos entreprises et de nos concitoyens.

Au regard de ces capacités de production et des stocks disponibles, nos priorités restent :

- De protéger les professionnels de santé amenés à prendre en charge des patients COVID-19 en ville comme à l’hôpital ;

- Et de préserver les capacités hospitalières de prise en charge en protégeant les personnes qui interviennent auprès des personnes âgées en EHPAD pour éviter les hospitalisations.

Ce sont des priorités absolues. Protéger les soignants, c’est protéger les malades, et in fine, sauver des vies. Et entre ceux qui souhaitent être rassurés, et ceux qui doivent être protégés, j’assume de donner la priorité aux seconds.

La distribution de ces masques est en cours comme je viens de vous l’indiquer et nous travaillons sans relâche à optimiser leur distribution partout où des dysfonctionnements ont pu intervenir.

L’inquiétude, légitime, de la population face à cette situation inédite entraine également des comportements que je voudrais condamner avec la plus grande fermeté. Nous avons effectivement constaté de nombreux vols, utilisations détournées ou inadaptées de masques de protection. Que ce soit à l’intérieur des hôpitaux, en cours de distribution, jusque dans les véhicules des soignants. Ces comportements mettent en danger nos soignants en diminuant les disponibilités en masques. Soyons responsables ensemble, protégeons ceux qui nous soignent.

J’entends la demande de matériels de protection de la part de plusieurs professions pouvant être au contact direct avec la population. Mardi, à la demande du Président de la République, nous recevrons le Conseil scientifique pour envisager toutes modifications, extensions des modes de répartition des masques au-delà des seuls soignants et personnes malades.

Les masques limitent votre transmission du virus si vous pouvez le porter en permanence, mais certainement pas votre exposition car elle est constante. Les masques protègent certains, mais seuls les gestes barrières nous protègent tous, car il y a transmission par les mains et les objets si vous ne vous lavez pas les mains très régulièrement !

Prenons un exemple très concret : en population générale, une personne qui marche dans la rue pour aller faire ses courses n’a pas besoin de porter un masque, parce que le virus se transmet essentiellement par les mains et il faut rester plus de 15 minutes à moins d’un mètre d’une personne contagieuse pour que le risque de transmission par la bouche se développe.

C’est pourquoi j’invite toute personne qui dispose de masques à les mettre à la disposition des soignants en les déposant à l’établissement de santé le plus proche, à un médecin ou infirmier libéral, ou dans une officine de pharmacie.

J’invite toute entreprise, toute organisation qui en dispose à se rapprocher de l’ARS la plus proche ou, pour les stocks les plus importants (plus de 200 000 masques), du Ministère des Solidarités et de la Santé.

Les masques doivent revenir prioritairement à ceux qui en ont vraiment besoin. Et je vous assure que les gens en réanimation portent des masques toute la journée.

J’en viens aux choix que nous avons faits pour la distribution de masques dans les 15 jours qui viennent.

Nous donnerons, comme nous l’avons fait jusqu’à présent, la priorité :

- à la protection des professionnels de santé amenés à prendre en charge des patients COVID 19 en ville comme à l’hôpital ;

- et à la protection des personnes qui interviennent auprès des personnes âgées en EHPAD, pour préserver les capacités hospitalières.

Pour la prochaine distribution, nous procéderons donc de la façon suivante :

- Pour les médecins de ville, les biologistes médicaux et les infirmiers de ville : nous allons distribuer 18 masques par semaine et par professionnel, dont des masques FFP2 dans le strict respect des indications ;

- Pour les pharmaciens de ville : 18 masques chirurgicaux par semaine et par professionnel ;

- Pour les masseurs-kinésithérapeutes : 6 masques par semaine et par professionnel, chirurgicaux ou aux normes FFP2, dans le strict respect des indications et selon les disponibilités, pour la réalisation des actes prioritaires et non reportables ;

- Pour les sages-femmes : 6 masques chirurgicaux par semaine pour la prise en charge des femmes confirmées COVID-19 ;

- Pour les chirurgiens-dentistes : ces professionnels disposent désormais d’un stock dédié de masques qu’ils ont eux-mêmes réparti sur le territoire de façon à pouvoir dans la durée assurer les soins urgents à la population. Je les en remercie.

- Pour les prestataires de service et les distributeurs de matériel
: 1 boîte de 50 masques chirurgicaux par semaine et, en moyenne, par entreprise pour assurer les visites prioritaires ;

- Pour les personnes exerçant des activités de services d’aide et de soins à domicile : 9 masques chirurgicaux par semaine et par professionnel exerçant au sein de la structure pour assurer les visites prioritaires.

Ces personnes pourront s’approvisionner en masques auprès des officines dans les territoires les plus touchés.

Je veux saluer chaleureusement ces professionnels et leurs encadrants – c’est grâce à eux que nous pourrons organiser une prise en charge à domicile et des retours d’hospitalisation.

Pour les EHPAD et les structures médico-sociales accueillant des personnes fragiles, notamment les personnes en situation de handicap ou les patients COVID-19 sans domicile ne relevant pas d’une hospitalisation : nous distribuerons 5 masques chirurgicaux par lit ou place et par semaine.

S’agissant encore des EHPAD, je sais qu’il y a eu des tensions dans certains endroits, j’ai reçu hier une lettre signée des responsables des fédérations des EHPAD me demandant de leur garantir 500 000 masques chirurgicaux par jour compte tenu des fragilités des personnes âgées qui y résident. Je leur réponds ce jour que j’ai entendu leur demande et qu’ils disposeront dans la durée de ces 500 000 masques chirurgicaux par jour.

Nous sommes avec les professionnels pour les aider à s’organiser, à se protéger et à protéger les résidents.

Pour eux, ainsi que pour les autres établissements médico- sociaux prenant en charge des personnes particulièrement vulnérables, les masques seront disponibles dans des établissements-plateformes.

Le nombre de masques sera proportionnel à la taille des établissements. Lorsque des symptômes apparaissent, la dotation devra permettre de couvrir en priorité les personnes qui œuvrent auprès des cas possibles ou confirmés. A tous les professionnels des EHPAD, je veux dire un immense merci, ils sont les gardiens des plus vulnérables.

J’en viens aux établissements de santé : pour l’hospitalisation conventionnelle, nous distribuerons 3 masques chirurgicaux par jour et par professionnel de santé dans les services de soins prenant en charge les cas possibles ou confirmés et, pour la réalisation des gestes à risque, des masques FFP2 dans les services d’urgence, d’accueil des malades COVID-19 et de soins critiques ;

Pour l’hospitalisation à domicile : nous distribuerons 2 boîtes de 50 masques chirurgicaux par semaine et, en moyenne, par structure ;

Pour les transporteurs sanitaires et les centres de secours : nous distribuerons 1 boîte de 50 masques par semaine et par structure.

Je veux profiter de cette intervention pour vous parler des tests diagnostic. Là aussi j’entends les questions, les attentes, l’incompréhension parfois comme j’entends l’expression publique de nombreux experts.

Dans le même esprit que celui qui a présidé à la distribution des masques, nous avons fait jusque-là le choix d’un usage rationnel, raisonnable et raisonné des tests.

- Rationnel car il y a une logique qui prévaut lors de chaque épidémie quand un virus circule vite : ne pas dépister de manière systématique mais baser le suivi sur la surveillance des symptômes. C’est ce que nous faisons chaque hiver par exemple avec la grippe.

- Raisonné car réaliser des tests mobilise d’importantes ressources qu’il s’agisse de la mobilisation des professionnels pour prélever ou des réactifs pour les réaliser.

Les tests ne servent pas à mesurer, mais à contenir l’épidémie. En la matière, je rappelle que nous sommes depuis le premier jour parfaitement alignés sur les recommandations et pratiques internationales. Au stade 1 et 2, nous avons testé l’ensemble des cas contacts des malades, ce qui nous a permis un contrôle remarquable du foyer de Contamines Montjoie. J’avais même souhaité aller plus loin, en testant l’ensemble des personnes gravement atteintes de syndromes pulmonaires en réanimation.

Aujourd’hui, nous ne dépistons donc pas de façon automatique, car nous avons fait un choix, comme la plupart des pays, et conformément aux recommandations de la commission européenne, de réserver les tests à des publics prioritaires.

Les personnes ciblées sont, comme chez nos voisins européens, les personnes les plus à risque :

- Les professionnels de santé symptomatiques ;

- Les personnes âgées symptomatiques ;

- Les personnes présentant des difficultés respiratoires sévères ou des comorbidités ;

- Les personnes hospitalisées ;

- Les nouveaux foyers et nouveaux territoires.

En France, nous priorisons également les femmes enceintes et donneurs d’organes, de tissus ou de cellules.

Aujourd’hui, 4 000 tests sont effectués chaque jour sur ces personnes. Nous avons atteint un total de 60 000 tests. Actuellement, 70 laboratoires en plus des cinquante déjà équipés sont en capacité de réaliser des tests. Nous sommes ainsi parmi les premiers pays européens en matière de capacité de dépistage.

La capacité journalière de réalisation des tests va ainsi continuer sa montée en puissance.

Ce n’est pas là une simple hypothèse de travail c’est un impératif de santé publique : la doctrine d’usage rationnel et raisonné des tests doit évoluer. Ce n’est pas moi qui le dit c’est le directeur général de l’OMS. Lundi dernier le Dr Tedros a délivré un message simple « Testez, testez, testez »

La France doit donc désormais suivre cette voie et se préparer à faire évoluer rapidement sa stratégie de dépistage. L’enjeu c’est d’être en mesure de multiplier nos capacités de test au moment où nous lèverons le confinement. Quand je dis multiplier, cela veut dire multiplier. Pas juste augmenter. Sans attendre, nous travaillons avec l’ensemble des industriels en France comme à l’étranger pour augmenter notre capacité de tests dans les plus bref délais.

L’espoir est aussi tourné vers la recherche qui pourrait nous permettre d’ici à quelques semaines de disposer d’une nouvelle méthode diagnostic plus simple, plus rapide plus largement diffusable sur tout le territoire national. Vous l’avez compris, ce n’est pas sur la base d’un dépistage massif que nous mettrons fin au confinement. Mais c’est sur la base d’un dépistage massif que nous pourrions être amenés à accroître notre surveillance, une fois le confinement levé.

J’aurai l’occasion d’y revenir dans les prochains jours car à situation évolutive, vous l’avez compris, stratégie évolutive.

Mardi, je verrai avec le Président de la République le conseil scientifique pour évoquer les tests ainsi qu’une autre question, celle des traitements.

Ma stratégie, vous l’aurez compris est claire : adapter rapidement nos décisions en fonction de l’évolution des connaissances et des recommandations pour toujours mieux protéger les français.

C’est que je fais également en matière de stratégie thérapeutique, en m’assurant au jour le jour que si demain un traitement démontrait son efficacité, les Français puissent en disposer sans délais. Que nous ne manquions ni de stock de médicaments, ni de capacité à en produire pour répondre à la demande, ni même des matières premières indispensables pour y arriver. J’ai, depuis le premier jour de ma prise de fonction encouragé, accompagné, facilité, toute étude de recherche clinique visant à répondre à la demande des chercheurs. Plusieurs sont en cours dans de grands hôpitaux français.

Ministre de la santé, j’ai le devoir de respecter l’exigence scientifique et sanitaire pour toutes décisions de traitement, j’ai aussi le devoir et l’exigence de tout faire pour que nous puissions le plus rapidement possible, trouver traitement et vaccins.

Mesdames, messieurs,

Mon souci de la transparence reste – comme au premier jour – total, la voici, avec des chiffres et des annonces on ne peut plus claires.

Nous avons une méthode et nous la suivons, pour permettre à notre système de santé de tenir bon, pour permettre de protéger ceux qui en ont besoin dès que la situation se présente.

Permettez-moi pour terminer de saluer et de dire la reconnaissance de la Nation tout entière aux soignants qui, en première ligne, luttent avec un courage exceptionnel.

Je salue aussi et je remercie chaleureusement celles et ceux qui assurent le ravitaillement et la distribution des biens essentiels, je remercie les services de l’Etat, nos forces de police et de gendarmerie et toutes celles et tous ceux qui permettent à la France de se protéger et de tenir bon.

Votre soutien quel que soit votre façon de l’exprimer, en applaudissant à vos fenêtres à 20H comme vous le faites spontanément, en apportant à manger aux soignants, en rendant votre véhicule disponible pour ramener une infirmière après une longue nuit de garde, ou tout simplement en garantissant par votre travail la continuité la vie économique de notre pays, votre soutien est magnifique. Quel que soit le poste de travail que vous occupez, il constitue forcément un maillon essentiel de la chaine qui relie économie et santé.

Sans frigo, pas de médicament.

Sans composant électrique, pas de frigo.

Sans matières premières, pas de composants électriques. Sans transport de marchandises, pas de matières premières.

A l’arrière du front, le rôle de chacun est crucial, parce que c’est une guerre de positions.

En respectant les consignes qui vous ont été données, vous permettrez aux soignants d’agir plus vite, vous permettrez de réduire la propagation du virus, vous permettrez à la France de faire face à cette épidémie.

Nous vivons un moment historique et c’est une épreuve sans précédent que nous devons surmonter aujourd’hui, ensemble.

Je compte sur chacun d’entre vous, pour suivre avec rigueur les consignes qui vous sont données, mais aussi pour ne pas céder aux sirènes de la polémique et de la division.

La situation est bien trop grave. Soyons solidaires, soyons courageux, soyons à la hauteur du défi qui se dresse devant nous.

Je vous remercie.